La difficulté de la détermination des champignons tient pour une large part à leur polymorphisme: un même champignon va pouvoir se présenter sous un aspect très différent selon les conditions météorologiques et selon son âge. Russula lepida par exemple est normalement d'un rouge vif, mais par temps sec elle pourra être totalement blanche, de nombreuses Russules peuvent avoir des colorations très variées, passant du vert au violet
Aspect général d'un champignon à lames.
La forme du chapeau change également avec l'âge, d'abord convexe,
il va s'étaler, puis devenir creusé.
D'autre part, des espèces différentes peuvent se ressembler au premier abord,
et ne différer que par des détails (macroscopiques ou même microscopiques) non
perceptibles d'emblée ou pour une personne non avisée.
Il faut donc savoir quoi observer pour pouvoir identifier un champignon, et
connaître le vocabulaire utilisé.
Les caractères à observer chez les champignons se situent dans différents domaines : morphologiques, organoleptiques, écologiques, et parfois microscopiques et chimiques (macrochimiques ou microchimiques).
Savoir où le champignon a poussé peut souvent orienter la détermination. Principaux éléments écologiques
Réactions macrochimiques : on dépose un réactif
sur la cuticule ou la chair, et on observe un éventuel changement de
couleur. Le changement est instantané ou après plusieurs heures.
Les réactifs les plus utilisés sont les acides
et bases fortes, la teinture de Gaïac, le sulfate de fer, le phénol,
etc.
Réactions microchimiques : coloration de granulations
acido-résistantes d'hyphes primordiales à la Fuchsine, coloration
de l'ornementation des spores de Russules à l'Iode (réactif de
Melzer), coloration en jaune du contenu des chrysocystides d'Hypholomes sous
l'action de la potasse, par exemple.
Les caractères microscopiques les plus fréquemment
observés, sont : les spores (forme, ornementation, taille), les basides,
les cystides (face, arête, incrustations,...), la cuticule ...
Il existe des genres comme les Inocybes où le microscope est obligatoire
pour la détermination, et d'autres où il est très souvent
nécessaire (Russules par exemple).
(basidiomycète)
Ce sont les cellules qui portent les spores : elles constituent l'hyménium
Cellules de forme allongée munie de 2 ou 4 stérigmates.
Les cystides sont des cellules stériles qui ne portent pas de spores
On peut en trouver sur les arêtes des lames, sur les faces des lames,
sur le chapeau, ou sur le pied.
La détermination d'une espèce repose :
Souvent on appréhende une espèce par une vision
globale (l'Amanite tue-mouche avec son chapeau rouge et ses verrues blanches),
sans analyse ; ou bien on feuillette un livre et on s'arrête à
l'image la plus ressemblante. Cela s'assimile à un coup de poker !
C'est comme cela que l'on confond Entolome livide et Clitocybe
nébuleux, Tricholome disjoint et Amanite phalloïde !
La seule méthode fiable est l'utilisation de clefs de
détermination dichotomiques, qui invitent à l'observation des
caractères nécessaires et suffisants, et uniquement ceux-là.
Lorsqu'on sera arrivé à un nom, on contrôlera la détermination
par la consultation d'un ouvrage illustré et de monographies décrivant
l'espèce en détail.
En cas de divergence avec certains caractères, il sera
nécessaire de poursuivre les recherches, afin de savoir s'il faut en
tenir compte ou non : c'est à ce moment que l'on se pose des questions,
comme de savoir quelle est la limite d'une espèce, quel crédit
accorder aux observations antérieures (odeur, taille de spores, etc.),
etc., etc. !
C'est arrivé à ce stade que, soit on arrête
de se torturer l'esprit avec ces choses qui ne tiennent même pas 3 jours
hors du frigo ou que l'on accroche à vie !